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Contrepoint | Culture : à la recherche d’une vision

Avec la nomination de Chiraz Laâtiri, ils seront donc sept ministres des Affaires culturelles à s’être relayés depuis la révolution. Sept en bientôt neuf années. Petite moyenne, qui en dit assez sur la très relative importance de la Culture au regard du nouvel Etat.

Manque de budget ? On le sait. Du zéro virgule voilà des décennies déjà. On reste à la surface des choses avec si peu d’argent.

Manque de temps ? A l’évidence. On ne construit jamais rien en ne comptant que sur des mois.

Manque d’idée surtout, à notre avis. Les six ministres qui ont précédé avaient tous le profil. La compétence, ou académique ou technique. Le niveau, pour tout dire. Ont-ils eu une vision, une stratégie ? Ont-ils eu une conception générale et globale de la Culture ? Moins sûr. Dans la majorité des cas, leur tâche a consisté à gérer des structures, des activités. Dans une de nos récentes chroniques, nous avons parlé de «dynamique trompeuse». Une vraie politique de la Culture ne se limite pas à faire fonctionner ce qui est. A focaliser sur des festivals d’été et sur une seule et unique Cité. Ceci n’est que maintenir une dynamique propre aux arts et spectacles. Ceci n’est que proposer loisir et divertissement à des publics demandeurs, les mêmes que toujours, que partout.

Une véritable politique culturelle vise à plus haut, à plus profond, à l’éducation collective, au progrès des intelligences et des consciences, à l’élévation des goûts. Une véritable politique culturelle (y reviendra-t-on enfin ?) se fait en parfait accord et en parfaite cohérence entre tous les intervenants des savoirs et des Arts : artistes, médias audiovisuels et enseignants. «La chaîne vertueuse» que Bourguiba, Messaâdi, Klibi, Bachir Ben Slama ont commencé par imposer et entretenir, que d’autres ont scrupuleusement suivie une décennie après eux, et qui a valu à ce pays ses meilleures élites et ses meilleures générations.

Une «chaîne» cassée sous Ben Ali, omise depuis la révolution, dont l’intérêt stratégique persiste aujourd’hui. Saute pratiquement aux yeux. De nos jours, plus que jamais, les festivals se multiplient, s’intensifient, la Cité de la culture programme au quotidien, les publics du spectacle sont fréquents. Mais dans le même temps, des chiffres parlent. Ceux de l’analphabétisme. Ceux des abandons scolaires. Ceux des audimats des télés privées. Ceux du presque «zéro de lecture». Ceux des résultats des élections aussi. Le contraste est effarant.

Nos théâtres se remplissent peut-être. Tunis s’anime pendant les JCC. Les festivals poussent dans nos régions. Mais où est vraiment la Culture dans tout ça ? Où est l’éducation collective? Où est le progrès des consciences et des intelligences ? Où est l’élévation des goûts ?

Ses six prédécesseurs, pour une raison ou pour une autre, ont omis de le faire, Chiraz Laâtiri.

Elle est plutôt une «conceptuelle»(conf son parcours à l’Isamm, puis à la direction du Cnci), elle envisagera, on l’espère bien, cet aspect essentiel de la question.

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